Norbert Zongo : quatorzième anniversaire de l’assassinat d’un journaliste sérieux

Article : Norbert Zongo : quatorzième anniversaire de l’assassinat d’un journaliste sérieux
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Norbert Zongo : quatorzième anniversaire de l’assassinat d’un journaliste sérieux

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Aujourd’hui je rends hommage à une grande figure du journalisme en Afrique : le journaliste d’investigation du pays des hommes intègres (Burkina Faso), Norbert Zongo. Ce 13 décembre 2012 marque le quatorzième anniversaire de son assassinat.

  • Qui a-t-il été ?

Norbert Zongo est né  1949 à Koudougou (Burkina Faso). Passionné très tôt par le journalisme d’investigation, il entama des études de journalisme au Togo, mais écrivit un roman critique sur le régime togolais Eyadema, ce qui l’obligea à fuir le pays. A son retour au Burkina Faso, il fut envoyé en prison. A sa sortie, il obtint le soutien de son mentor, le  célèbre écrivain ivoirien Amadou Kourouma pour aller étudier au Cameroun.

De retour au Burkina Faso, il entra dans le média public mais ne se sentit pas bien par rapport à son besoin d’indépendance. Il créa son premier journal en 1993, un hebdomadaire intitulé « L’Indépendant ».  Il se choisit un nom de plume, Henri Sebgo (Sebgo en Moore, langue du Burkina Faso, signifie vent). Puis il prit pour credo  la fameuse expression du grand résistant guinéen à la colonisation Samory Touré : « Borry Bâna«  (la fuite est terminée). Il voulait ainsi affronter son destin.

  • Sa mort

Vous vous souvenez du grand africain Thomas Sankara ? Norbert enquêtait pour donner la parole à l’histoire, afin que la vérité soit connue à propos de l’assassinat de cet homme, membre de la garde présidentielle au Burkina Faso. Le clan du chef d’Etat burkinabé, étant auteur du meurtre, voulait mettre fin à toute tentative de découverte de la vérité. Norbert Zongo, accompagné de ses amis (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et son frère Ernest Zongo), ont ainsi été assassinés le 13 décembre 1998, à 107 kilomètres au sud de la capitale, Ouagadougou.  Mais ces paroles du reggae-man ivoirien Alpha Blondy frappent toujours mon esprit : « La démocratie du plus fort est toujours la meilleure ».

  • Legs

Nombreux  Africains  sont unanimes à propos des qualités de cet homme. Il a laissé l’image d’un homme plein intégrité et d’une rigueur professionnelle indiscutable. Sa témérité, son sens de l’investigation et son refus de l’injustice s’ajoutent également à se qualités. Comme Mme BOIRO ou Chebeya, Norbert Zongo voulait rendre la justice. Aussi n’oublierons-nous pas qu’un grand journaliste africain avait essayé d’illuminer la mort de Thomas Sankara. Son combat pour la liberté d’expression demeure.  Son nom n’est pas éteint car un riche programme a été organisé en son hommage au Burkina Faso par le Collectif des organisations de masse et de partis politiques (CODMP).

  • « Journalistes en danger » (Alpha Blondy)

Le 1er décembre 2012, le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) a signalé que le vilain record de 1996  – 185 journalistes emprisonnés dans le monde – a été battu cette année 2012, avec 252 journalistes privés de liberté.

La Somalie est ainsi le pays africain le plus meurtrier pour les journalistes, selon Reporters sans frontières. Cette année, la Somalie a enregistré seize assassinats de journalistes dont celui de Ahmed Farah Ilyas, de qui travaillait pour Universal TV.

Un exemple autre que la question de la liberté des journalistes, incarnée par Norbert Zongo est actuel – apparaît à travers le cas du correspondant en Swahili (une langue en Afrique orientale) de RFI, Hassan Ruvakuki, injustement condamné à perpétuité au Burundi.  Comme Mondoblog mentionnait une fois : « Son seul crime : avoir fait son travail de journaliste. » En fait, il devait couvrir la création d’un groupe rebelle burundais en Tanzanie. Voilà pourquoi on l’accusa d’être un terroriste. Depuis novembre 2011, Ruvakuki est dans la prison de Muramvya. Ses dernières nouvelles ont été rapportées par la Fédération Internationale des Journalistes, via son président Jim Boumelha :

«Nous saluons le courage et l’humanité dont fait preuve Hassan malgré les épreuves qu’il traverse.»

Dans l’affaire Zongo jusqu’à aujourd’hui, une sensation de justice morte se manifeste dans les pays où des hommes et des femmes intègres rendent l’âme pour que triomphe la vérité. Toi qui lis ceci, n’oublie pas que des personnes risquent leur vie pour que tu puisses être informé de ce qui se passe dans l’autre coin de ton pays ou du monde.

A +

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Commentaires

Aphtal CISSE
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Super article, mon frère. J'ignorais le sens de "bory bana", me contentant de le sifloter tranquillement. Ou la la. Et l'article a tout son sens! Zongo, a eu un ami et compagnon de lutte togolais: Agbobli, historien comme ki-zerbo. La suite appartient à l'histoire. Instructif.
Aphtal

KABA Madigbè
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Ah Merci frangin. Ah c'est un bon crédo: bory bana. J'ignorais à propos de M. Agbobli et tu me le fais connaitre. Merci Aphtal!

Ameth DIA
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Article instructif. Le titre m'a beaucoup interpellé ("journaliste sérieux")

KABA Madigbè
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Vraiment, ça vaut le coût que le qualificatif interpelle. Merci!

Edem
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Pas mal comme article,tu m'as fait revivre une histoire qui a tout son sens

KABA Madigbè
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Merci Edem. Vraiment!