Guinée: la triste chute d’un solide baobab
Depuis une dizaine d’années, le trésor public guinéen est devenu un grenier oligarchique. Il y a huit mois, une femme a pris la tête de cette importante institution. Comme toujours, il a existé un éternel combat entre le bien et le mal. C’est ainsi que sur le sentier du combat contre l’injustice et la corruption, se battait une femme en Guinée, Mme Aissatou Boiro. C’est sur ce même sentier, qu’a rendu l’âme cette brave femme le vendredi passé. Hier mardi avait été décrété comme journée de deuil national.
Qui était-elle ?
Mme Boiro était mariée et mère de 4 enfants dont une en état de famille vit au Canada. Elle était âgée de 53 ans. Elle avait été nommée par le Président de la République de Guinée au mois de mars 2012 comme Directrice Nationale du trésor public guinéen. Elle devait bien gérer le trésor et en même temps assurer la discipline financière. Mais qu’il n’est aisé de faire son boulot quand on méconnait ses ennemis!
Corruption et détournement
Ce sont des maux dont la sortie est difficile une fois qu’on entre. A la fin du régime du Général Lansana Conté, on disait que la sortie des caisses était devenue monnaie courante et pas le moindre besoin d’en cacher. Mme Boiro voulait faire son boulot. Ce qui consiste à sauvegarder ce que verse le contribuable guinéen pour qu’il puisse en profiter et non que des individus en usent à des fins personnels. Elle a ainsi commencé une enquête qui a permis le démantèlement d’un réseau vicieux qui aurait coûté 13 millions de francs guinéens. Et qui sait, ce que ferait –elle encore. Après une dure journée de travail, elle voulait rentrer chez elle avec d’autres collègues. Mais les bandits ont décidé, à la place de l’ange de la mort, de mettre fin à la vie du grand baobab en mettant deux balles en pleine poitrine: Mme Boiro. Elle succomba à une hémorragie interne. Le baobab quel qu’en soit sa solidité ne peut résister à une certaine pression infernale. Ce baobab s’en est allé…
Et après ?
Le Président de la République, le Professeur Alpha Condé s’est dit choqué et a promis la poursuite du combat contre la corruption. Le Ministre de la sécurité et de la protection civile, M. Mouramani s’est engagé à utiliser tous les moyens nécessaires et il a également fait appel aux bonnes volontés pour trapper les assassins. Mais le temps s’achève. Les bons gens ont terriblement peur de vivre dans un endroit semblable au jungle ou à un film de gladiateur. Les commerçants qui ont peur de se faire ruiner aisément par des bandits. Des têtes de l’Etat, comme l’Ingénieur télécom et père d’un enfant Paul Cole, tué la semaine passée ou même Mme Boiro, qui se font tuer si « banalement ». Des personnes qui ne sont pas forcément connues qui disparaissent aisément. Le vol qui est très répandu. Même dans le lieu de ses obsèques, on s’est permis de voler les téléphones du mari de la défunte. Comme le rapporte Guineenews: « De son siège d’où il suivait la cérémonie a disparu son téléphone, pris on ne sait par qui. Le pauvre qui recevait les condoléances a été du coup, coupé de tous ceux qui envisageaient de compatir à sa douleur au téléphone. »
En attendant d’avoir du nouveau dans l’enquête, Lucien Pambou pourrait avoir raison : « Qui a assassiné Madame Aissatou Boiro en Guinée ? (…) des élites corrompues qui n’ont pas accepté que Madame Boiro mette son nez dans leurs affaires vénales ». Enfin, je joins ma voix aux autres pour vous dire Mme Boiro, M. Cole et d’autres, ceci : « Adieu et que prenne fin l’insécurité avec votre innocente mort !».
Par M. KABA Madigbè Bintou
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