Guinée : La personne et sa dignité humaine, sacrées ?

Article : Guinée : La personne et sa dignité humaine, sacrées ?
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30/05/2013

Guinée : La personne et sa dignité humaine, sacrées ?

Photo: Aminata.com
Photo: Aminata.com

De nombreux bons hommes ont eu le bon sens de rappeler à tous les êtres humains qu’ils « naissent libres et égaux en droits ». A l’instar de tous ceux-là, la Constitution guinéenne actuelle a reconnu littéralement la même affirmation. Mais il semble que dans ce pays, comme dans beaucoup d’autres, cette affirmation ait perdu toute son importance, du moins dans les cœurs ou pratiques. Dans la jeune démocratie guinéenne, pour le moment, la personne humaine semble ne plus être sacrée.

Juin 2006, à l’instar d’autres camarades du territoire national, je devais me rendre à mon centre d’examen pour passer le baccalauréat I. De rarissimes véhicules  circulaient, parce que c’était la grève. Et de ce fait, c’était pour le sabotage de ces examens. Mais peut-on refuser de se rendre à l’examen, au risque de le perdre banalement sous ses yeux, que l’on a préparé durant toute l’année ? Je me suis rendu à mon centre d’examen, malgré cette rareté extraordinaire en plein jour ? Arrivé à mon centre, je n’ai vu qu’un nombre infime de surveillants qui ne pouvaient à eux seuls gérer ces examens. Un peu de temps après, ce sont les tirs qui commencent. Mes camarades et moi avions ce jour-là, échappé de justesse aux balles. Heureusement, aucun de nous n’a reçu de balles et on a pu passer l’examen après qu’il ait été reporté.

Janvier et Février 2007, une autre période troublante en Guinée, surtout à Conakry. Cette année-là, je devais passer mon second bac (devenu bac unique la même année). Le vieux Général Président était, de par sa santé, affaibli.  De vagues mouvements de contestation s’étaient soulevés cette année-là contre le pouvoir du Général Président Lansana Conté, surnommé Fori (ou vieux en Soussou). C’est l’année où la société civile guinéenne, s’est fait le plus entendre, dans l’histoire récente de la Guinée. L’état de siège avait été décrété. Chacun devait rester chez lui. Mais comment rester chez soi quand les hommes en uniforme tiraient, à tous endroits? Les survivants de ces deux mois l’ont été, par la grâce de Dieu, le dit-on.

11 septembre 2009, une autre période troublante. Cette fois, les manifs sont menées par l’opposition politique. Le Capitaine Moussa Dadis Camara, avait pris le pouvoir en décembre 2008, à la mort du Général Président qui avait dirigé le pays depuis avril 1984. L’opposition politique s’était soulevé contre le nouveau chef, parce que celui-ci avait changé d’avis en voulant se présenter aux élections. Assez de tueries, de vols  et de viols au stade du 28 septembre dorénavant démystifié depuis ce jour. Pour rappel, le stade du 28 septembre est l’éponyme de la fameuse date du vote du « non » au référendum de la Guinée, à la communauté coloniale française, proposée par la France du Général de Gaulle.

2011 et 2012, plus de deux ans maintenant sans élections législatives depuis l’élection du Président démocratiquement élu Alpha Condé en fin 2010. Pourtant, six mois après cette élection, selon la Constitution, les élections  législatives devaient être organisées. Mais durant tout ce temps, les deux bords politiques n’arrivent pas à s’entendre et jouent tous le sourd. De manifs dans les rues ! Plutôt à l’abattoir amène-t-on les gens. On attise la haine entre les gens et on les donne l’occasion de se régler des comptes. Chacun des politiciens, au lieu de se préoccuper de la maturité de ceux qu’il conduit, préfère les conduire à l’abattoir comme du troupeau. Résultats : des jeunes morts, des blessés, des endroits transformés en lieu d’incivisme caractérisé…

La personne humaine guinéenne est la preuve de satisfaction pour des politiciens. Qu’on tue, blesse ou viole des personnes dans les manifestations, cela fait réjouir certains. Ou qu’on vole, et saccage du patrimoine public ou privé guinéen, cela réjouit d’autres. Mais à ceux qui fautent le trouble, rappelez-vous que vous le faites contre plus de dix millions de Guinéens. Par vos actes, vous faites régresser l’Etat. L’Etat, c’est nous tous. Mais aussi l’Etat, c’est  le pacte qu’on a « conclu » : la Constitution. Selon cette dernière, « ….Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal… » (Article 6) mais aussi qu’il reste ancré dans l’esprit de la mouvance présidentielle, de l’opposition et tous les autres, que : « La personne humaine et sa dignité sont sacrées. » (Article 5)

Voilà chers compatriotes, en simple humain, mon petit rappel à vous. Je vous demande de ne rien casser, tuer, détruire en pensant construire. Je ne suis pas la justice pour culpabiliser qui que ce soit. Il y en a. J’espère qu’elle fera son boulot afin d’éviter de la barbarie dans notre pays. Exercez vos devoirs et réclamez vos droits mais comme il se doit d’être fait. Surtout, sachons-le : « aucune vie n’est supérieure à l’autre. »

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Commentaires

cireass
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Vive le respect de la dignité humaine ! A bas la violence !

KABA Madigbè
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Merci Thierno!

nathyk
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Je te sens en pleurs là Madigbè. C'est désolant, le spectacle décrit ici, on se demande bien après 50 ans d'indépendance à quel niveau de maturités sommes-nous ?

KABA Madigbè
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Très bonne interrogation Nathyk. En pleurs, moralement oui. Je voulais surtout montrer que leur méthode est dépassée et qu'ils doivent bien penser leurs stratégies en épargnant le sacrifice de la vie humaine. Merci