On peut être héros sans ravager la terre

30/09/2013

On peut être héros sans ravager la terre

342
Crédit image : laprincessaworld.blogspot.com (Via Google images)

Ce titre « on peut être héros sans ravager la terre », je l’emprunte à Nicolas Boileau. Sauver des vies ou éteindre le feu en plein bouillonnement n’est pas donné à tous, et ne doit pas être oublié de tous les mortels aussi aisément qu’il se produise. La semaine passée, au Kenya et en Guinée, deux actes m’ont marqué et qui peuvent mériter le qualificatif » héroïque ».

Au Kenya: Le sauveur de vies du Westgate

Crédit images: https://laprincessaworld.blogspot.com (via Google images)
Crédit image: https://laprincessaworld.blogspot.com (via Google images)

La semaine passée, s’est opposé deux univers : l’un envahi par le besoin de faire mal au nom de sa « justice » et l’autre animé par le besoin de sauver des hommes, son pays et l’humanité. Le premier, ce sont les shebabs qui ont fait subir au peuple kényan, un attentat des plus meurtriers (véritable cauchemar), auquel il ne s’attendait pas. Comme mon confrère Daye Diallo l’a dit « Les Kényans traversent actuellement ce que l’Amérique a vécu le 11 septembre 2001. » Cet acte des shebabs n’a rien d’héroïque, peu importe les raisons qu’ils avancent. Car un héros sauve, mais ne ravage pas. Dans ce moment cauchemardesque, mérite notre attention, un acte audacieux de la part d’un jeune Kényan : Abdul Hajji. Il n’a pu sauver toutes les vies, mais il en a sauvé tout de même.
Abdul Hajji, est fils d’un ancien ministre de sécurité. Selon ses dires à des médias, il n’a été entraîné à manier l’arme que par son père. Lorsque des personnes se faisaient massacrer pendant cet attentat du Westgate, son ami lui aurait fait part d’un SMS urgent concernant la nouvelle de l’attentat. C’est là qu’il est allé intervenir avec l’aide d’autres. II a réussi à faire échapper de l’enceinte du Westgate, de nombreuses personnes, dont une fillette (photo ci-haut). Après son opération de sauvetage, il a dit avoir été horrifié à la vue des personnes, dont la plupart des petites ou vieilles personnes, mortes avant son intervention. Loin d’un film hollywoodien, bolywoodien ou nollywoodien, cet acte de sauvetage est bien réel. Il montre qu’il existe encore des personnes vivantes en Afrique qui seraient prêtes, sans être militaires, à sauver des vies au péril de  la leur.
En vidéo, suivez M. Hajji par ici https://video.fr.msn.com/watch/video/kenya-les-heros-de-westgate/13qg1xf15?from=gallery_fr-fr&sf=Relevancy#r

Guinée : le « calmeur » des violences à Conakry

Crédit image: Africa Guinée (via Google images)
Crédit image : Africa Guinée (via Google images)

Dans la même semaine, les Guinéens s’attendaient après tant d’atermoiements à se rendre aux urnes le 28 septembre 2013 pour les législatives. Mais la dernière semaine, à l’instar d’autres précédentes, a été marquée par de nombreuses violences entre militants de l’opposition et du parti du pouvoir, le RPG arc-en-ciel. A Conakry, des maisons incendiées, des magasins pillés, des actes d’incivisme de divers genres ont été les résultats connus de ces violences. Mais le bilan se serait alourdi si une personne n’était pas intervenue. C’est bien M. Kalifa Gassama Diaby, ministre guinéen des Droits de l’homme et des Libertés publiques. Un ministre ? Oui, mais qui a bien agi. Il faut aussi ajouter que son effort d’impartialité est partagé par les différents partis politiques guinéens. Cet effort d’impartialité est visible dans un de ses discours précédents, « La loi doit s’imposer à tous qu’on soit du côté du pouvoir ou de l’opposition. » C’est ainsi que sans porter l’étendard d’aucun parti, il est allé affronter sur le terrain, avec le verbe et la Constitution guinéenne, des manifestants des deux camps surchauffés de désir de violence.
Voici un extrait de son discours :

« Je suis venu vous dire, vous prier, vous rappeler à votre responsabilité de vous dire de cesser. Ne provoquez personne et ne répondez à aucune provocation. La violence c’est pour les faibles et quand vous cessez d’être violents, vous devenez forts. Alors je viens vous dire que ces violences doivent cesser. Cette situation ne peut pas continuer. Il faut qu’en Guinée on se respecte, on respecte la loi. Qu’on respecte la dignité de l’autre, qu’on renonce aux insultes, à la violence et qu’on accepte de discuter ‘’.

Il a pu réussir à calmer le jeu. De par ce geste, il a contribué ainsi à éduquer à la paix et au civisme au bon moment ceux qui semblaient les ignorer.

Malheureusement au Nigeria, il n’y a pas pu avoir au moins un audacieux pour contrecarrer les inhumains du Boko Haram. Inhumains ? Oui, parce qu’un humain ne peut assassiner des jeunes étudiants endormis (40 étudiants tués) ? Simplement, ils sont inhumains, peu importe leurs raisons.
Il en est de même au Mali où les extrémistes par leur dernier attentat- suicide (fin de la semaine passée) ne semblent pas avoir dit au revoir à leurs néfastes comédies.
Vraiment, il faut que les différents chefs d’État africains se réveillent de leur sommeil pour montrer à ces extrémistes shebabs, et de  Boko Haram et autres, que la terre d’expérimentation de leur idéologie n’est pas africaine.
Toute ma compassion aux familles des victimes!
N.B : J’aimerais bien rappeler à vous chers lecteurs que ce billet ne vise pas à exprimer un quelconque soutien aux deux personnes courageuses, mais leurs actes courageux évoqués ici méritent d’être encouragés à l’échelle du continent.

Dédicace à FBI, Nora, Fiagan, mes voisins, ma famille et à vous. Surtout, votez pour ce blog aux blog awards.

@+

Partagez

Commentaires

josianekouagheu
Répondre

Oh Kaba pourquoi n'ai-je pas lu ce texte tôt! Je l'ai lu et relu. Sans te mentir, je le trouve vraiment super. Bien juste. Tu n'as pas besoin de m'avertir moi qui suis lectrice. Tu as pris des cas présents et très recents, pour nous avertir: Oui, on peut être héros sans ravager la terre. L'histoire d'Abdul Hajji me montre qu'il y a des fils des "grands" qui ont été éduqués dans la modestie et la simplicité. Il n'y a pas encore d'Abdul Hajji au Nigéria, mais ne t'en fait pas, il y en aura. J'ai aimé ce billet, mais, j'ai adoré son message!

KABA Madigbè
Répondre

Voilà qui me laisse sans mots. Il est bien vrai que ces bonnes actions comptent. Vivement plus d'Abdul Hajji et de Josiane aussi. Merci Josie!

Boukari Ouédraogo
Répondre

Tu l'as dit vers la fin de ton article, tant qu'i n'y aura pas une synergie d'action des Etats Africains comme on le chante chaque jour, la situation risque de s'aggraver;

KABA Madigbè
Répondre

Bien sûr qu'il en faut. Merci du passage Boukari.